En ce jour de 10 avril 2014, les agents publics grévistes de pôle emploi ile de France se retrouvaient rue Turbigo.

Sur cette place, dont le toit était le ciel bleu de Paris, inondée du soleil de printemps, les agents et agentes du services publics de l’emploi étaient déterminés à faire entendre leur voix unanime et revendiquer l’amélioration de leurs conditions de travail et un salaire décent.

C’est donc en petites troupes organisées que nous nous dirigeons vers le 101 rue de Grenelle, où François REBSAMEN, actuel ministre du Travail, semble exercer sa lettre de mission !

Le soleil est déjà haut et nous voilà réunis devant les grilles fermées de ce bel hôtel particulier du VIIème arrondissement parisien (en temps de guerre Vigipirate rouge écarlate, les immobiliers de la République sont soustraits au peuple qui les finance).

Notre troupe unifiée scande les slogans les plus imaginatifs : « REBSAMEN, faut que tu ramènes ! » ; « On veut voir le Ministre ! », etc….

Très rapidement la brigade d’intervention se mobilise pour faire écran entre la grille du ministère et notre troupe fort active et répandu sur la voie et la chaussée !

Madame DATI, fraichement réélue et exerçant en face, fit fermer les portes cochères également ! Il ne serait y avoir une pandémie auprès de ses fonctionnaires !

Au bout d’un certain temps de slogans scandés, un « costume trois pièces » assez fluet, vint s’adresser à quelques uns d’entre nous. Il nous proposait de demander une audience auprès d’un conseiller du ministre Que nenni nous lui répondîmes. Il partit mari.

Il revint quinze minutes plus tard et proposa trois personnes en délégation pour voir un conseiller du ministre. « Inacceptable ! » nous lui retoquâmes. « Nous voulons une délégation de dix personnes et un entretien avec le ministre, sinon nous continuons à occuper les lieux. », telle fut notre réponse.

Les RG, les officiers de la préfecture de police entrèrent aussi dans les demandes. Ils voulaient un retour rapide à l’ordre et éviter une médiatisation de notre mouvement !

Ce jeu de barbichette pour savoir qui céderait le premier se termina par une délégation de cinq personnes (trois SNU et deux SUD) avec le directeur du cabinet du ministre. L’assemblée générale des agents grévistes vota à la majorité pour cet accord !

Cette entretenue de trois quarts d’heure pouvait permettre tous les espoirs !

A la sortie des murs du ministère de nos représentants, ils nous firent part du réel mépris, de l’absence de considération de la souffrance que vivent chaque jour les agents, les dangers auquel leur direction les soumet. Le directeur de cabinet Grivelle renvoya à tierce personne (le DG, le DR, La secrétaire d’état à la fonction publique) la responsabilité et la capacité d’y remédier. Il déclara que cela ne le concernait pas.

Fort de cette réponse nous décidâmes de poursuivre le mouvement devant le Sénat, où Mme Lebranchu s’y trouvait (selon son agenda).

Arrivés devant ce temple de la République, réparti entre les deux trottoirs de la grande avenue, nous fumes rejoins rapidement par nos « amis de la compagnie d’intervention » qui demandèrent à nos agents piétinant le trottoir proche de l’entrée de passer sur le trottoir d’en face « pour des raisons de sécurité qui leur échappent » osent-ils déclamer !

Ainsi réunis de force sur le trottoir d’en face, nous devisions pour savoir quelle suite donner au mouvement, l’après midi étant déjà très avancée et la fatigue se faisant ressentir.

Alors que nous venions de décider de dissoudre le mouvement, nous voilà encerclés, tels des terroristes, par une quarantaine de CRS lourdement armés.

Nous empêchant de nous disperser pour vaquer à nos occupations de fin de journée, ils nous parquaient en plein soleil sur ce bout de trottoir.

L’échange fut ubuesque, à échauffer les esprits plutôt bon-enfants auparavant.

C’est ainsi que nos gardiens conduisirent les « terroristes » que nous étions à leur yeux, les « dangereux révolutionnaires » mettant en danger la société bien établie dans la soierie et les ors de son rang, vers le ventre de Paris avec l’espoir de notre anéantissement à la première bouche de RER.

Le troupeau que l’on conduit au Goulag longea les murs du Sénat, puis les grilles du jardin du Luxembourg, dont ils firent fermer et verrouiller les grilles rendant prisonniers les badauds et touristes qui profitaient du jardin, pour arriver devant la bouche béante du RER.

Par lot de dix, ces CRS menèrent nos grévistes jusqu’au tourniquets s’assurant que la bête avalait bien son offrande.

Et moi, qui voulait juste prendre mon bus, fut interpeller par deux molosses violemment pour être remis dans l’offrande à la Bête. Je dus passer le tourniquet mais pris la sortie RER et revint en surface, soit à peine cinq minutes plus tard, pour constater que les gardiens s’étaient volatilisés au pas de courses sans laisser de trace de leur passage.

Un sentiment de non-événement planait en ce lieu ! Seul le marchand de glace témoignait encore auprès des clients et passants de ce qui venait de se passait !

Ce mouvement de grève reste une réussite, avec 40 % de grévistes nous avons su nous mobiliser, faire trembler les prélats, montrer que nous existons bien et réellement !

Poursuivons notre lutte et imposons ensemble nos revendications !